Édito de la newsletter de l'association Approche Écohabitat - décembre 2019
Économie d’énergie n’est pas écologie…
« Mais, il neige ! » Me suis-je dit en traversant un bourg du Finistère Sud.
« Incroyable, en automne... Ce doit être le dérèglement climatique qui fait son œuvre. » Évidemment, rien de cela. J’en suis rassuré… mais pas tant.
En effet, je me suis bien vite aperçu que cette neige était bien artificielle et composée uniquement de billes de polystyrène expansé (PSE pour les intimes). Donc rien de bien naturel même s’il est composé d’air à 98%. Libre comme le vent et se déversant en une multitude de petites billes sur les trottoirs, les chaussées, les jardins puis gagnant gentiment (car elles sont sympas ces particules) les milieux aquatiques puis la mer toute proche à la faveur de fortes pluies.
La cause, un grand chantier de réhabilitation avec isolation par l’extérieur en panneaux de polystyrène expansé. Découpes, assemblages, ponçages sans précaution aucune durant plusieurs semaines. Et sans que les services de la Mairie ne se manifestent efficacement.
La durée de vie du produit dans la nature avant dégradation complète est de 1000 ans. Il dégage naturellement du pentane qui est un gaz à effet de serre. Sa dissémination dans l'environnement est notamment responsable de la mort d’animaux marins les ingérant par méprise. En France, son élimination est assez souvent réalisée par incinération bien que des filières de valorisation de chutes se mettent en place. Mais rien contre cette « neige ».
Puisqu’on a décidé d’isoler massivement par l’extérieur avec ces panneaux à enduire, acteurs de la construction, ayez au moins le souci et la responsabilité d’imposer lors de la pose et de la découpe, l’usage d’outils et de méthodes empêchant l’émission de poussières et de particules.
Mieux, de la même manière que le sac en plastique, de nombreuses villes ont décidé d'interdire l'importation, la fabrication et la distribution de polystyrène pour l’emballage alimentaire. Quels impacts environnementaux faudra-t-il encore pour qu’on l’évite dans le bâtiment. La fin du pétrole sûrement…
L'évolution des comportements au quotidien sur les chantiers est la clé de voûte de la gestion des déchets du bâtiment. Et la remise en cause de ce type de matériau par les concepteurs, l’évitement d’impacts écologiques. Il y a urgence à agir.
Olivier Cloarec, co-président de l’association APPROCHE-écohabitat